Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/53

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de cette salle, car je défaillais de la tête aux pieds. Au moment où je passais la porte, j’entendis un silence soudain, puis une voix dans l’éloignement :

— L’imbécile ! criait Parrhasios. Il est mort un instant trop tôt !

Lorsqu’on sut le lendemain dans Athènes, comment Parrhasios avait accompli le « Prométhée enchaîné » qu’il destinait au Parthénon, il n’y eut dans toute la ville qu’un seul cri d’horreur.

Le peuple se porta en foule sur la route du Cyclobore et vint assaillir la maison du peintre, dont les portes étaient fermées.

— Un Olynthien ! Un homme libre ! Un vaincu du Macédonien !

— Le poison pour son meurtrier !

Je me mêlai à cette foule hostile, non pas pour sauver mon ami, car moi aussi je pensais alors qu’il méritait tous les supplices, et les hurlements de Nicostrate grondaient toujours dans mes oreilles. Mais j’allai, suivant la cohue, poussé par le mouvement du peuple, et je parvins avec le troupeau sous les murailles assiégées.

La foule cria longtemps. La maison semblait morte. Pas un esclave sur le seuil. Pas une voix derrière les rideaux qui pendaient entre les colonnes, immobiles et refermés.

Enfin Parrhasios lui-même, entre deux rideaux qui s’ouvrirent, apparut au premier étage, les bras