Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en laissant retomber ses bras. Savez-vous quel jour nous sommes ?

— Pas du tout.

— Savez-vous que ce matin, ce matin, je vous connaissais à peine ! et que ce soir…

— Vous le regrettez, Psyché ?…

— Et que ce soir vous m’appelez Psyché comme si vous-étiez déjà… l’Amour… Et qu’entre ma rencontre et ma fuite il ne s’est pas écoulé douze heures… ? C’est moi qui ai fait cela ? C’est moi qui suis ici ?… Je suis devenue complètement folle… Ce qui s’est passé autour de moi est tellement invraisemblable. Si je vous le racontais, vous ne me croiriez pas.

— Vraiment ?

— Savez-vous comment je suis venue ?

— Par une inspiration du ciel.

— Par une maladresse de mon confesseur.

— Quel homme de génie ! Comment s’appelle-t-il ?

— Ah ! si l’on n’avait pas expulsé les Dominicains ! Le Père Pasquier m’aurait mieux conduite ! Mais j’ai un nouveau directeur qui ne me connaît pas du tout… Sans lui je serais restée chez moi. Comment voulez-vous que je vous suive spontanément ? Dans une minute d’oubli peut-être…

« Mais pendant cinq heures de suite, sans retour sur moi-même, sans un tressaillement, faire tous mes préparatifs de départ, mes paquets, mes lettres d’excuses et vouloir être séduite avec tant de