Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Monsieur Aimery Jouvelle, pourquoi ne me saluez-vous pas ?

— Madame, je vous demande mille pardons… Je ne vous avais…

— Pas vue ? Dans cet étroit passage. Vous m’avez regardée deux fois.

— Je… J’étais distrait sans doute…

— Soyez franc… Vous avez détourné les yeux parce qu’on ne doit pas reconnaître une dame quand on la rencontre à dix heures du matin dans un quartier qui n’est pas le sien. Vous m’apercevez par hasard dans le passage d’Eupatoria… et vous passez… sans m’avoir vue… discrètement… Vous êtes délicieux ! »

Mme Vannetty regarda nerveusement le jeune homme, qui leva les bras à demi et les laissa tomber dans un geste de peine.

« Madame… en vérité… Vous m’attribuez des pensées tellement extraordinaires que je n’ai pas