Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/110

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— Nous allons vers le Printemps, je vous l’ai promis hier.

— Hier cela m’a suffi… pour vous répondre que je ne vous suivrais pas. Mais ce matin, je me trouve auprès de vous sans avoir compris comment. Je sais vaguement que nous sommes en Bretagne, et c’est tout. Comment s’appelle votre domaine ?

— J’aimerais ne vous en dire le nom qu’à l’heure où vous y entrerez.

— Pourquoi ?

— Il ne le méritera que si vous lui faites l’honneur de le lui donner.

— Que vous êtes mystérieux !… Est-ce loin d’ici ?

— Nous y serons bientôt.

— Vous y allez souvent ?

— Jamais.

— Pour quelle raison ?

— Je vous attendais.

— Parlez donc sérieusement.

— Je parle très sérieusement. Je me suis laissé tenter par ce château à vendre, voici deux ans. Le nom m’a plu d’abord, et le domaine ensuite. Je n’en avais que faire pour moi-même. Je l’ai acquis uniquement pour y conduire, dans le plus grand secret, la dame inconnue que je devais aimer un jour et que je n’avais alors rencontrée nulle part.

— Et vous saviez d’avance que vous rencontreriez la dame inconnue ?

— J’ai toujours eu foi dans le bonheur futur. »