Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/180

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que nul mieux que lui n’était capable, l’occasion échéant, de soutenir de bonne foi, et jusqu’à leurs plus extrêmes conséquences, les pires théories des pires sophistes, quoique les détestant d’instinct par-dessus tout.

À plus forte raison pouvait-il et devait-il soutenir ses propres théories, qui furent toujours sages et justes. Et si nul des êtres si réels qu’il créa, depuis la Concha du Pantin jusqu’au Parrhasios des Sanguines, ne lui fut du tout étranger, nous avons le droit d’admettre que Psyché Vannetty, et Mlle Aracœli, et surtout Aimery Jouvelle ont incarné, à la fois, Pierre Louÿs. Voire, ces trois créatures si profondément humaines sont beaucoup plus que les simples matérialisations momentanées d’un rêve, ou d’une hypothèse, ou d’une opinion. Elles figurent l’homme qui les fit dans tous ses traits essentiels. Et, si Pierre Louÿs n’a pu ni voulu publier sa Psyché, c’est peut-être d’abord qu’une pudeur mystérieuse le retint à l’instant de révéler à toute la terre telle ou telle profonde blessure que la vie lui avait faite au cœur, et dont il se complaisait à souffrir seul et sans cris.

Qu’on veuille bien y songer un moment : qu’est, en somme, Psyché ?

Le roman éternel de tous les héros que leur destin a inopinément jetés entre un rêve et la vie.

Le rêve, ici, s’appelle Psyché Vannetty. La vie,