Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/187

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plus aimée, n’est-ce pas ! puisque rien n’a servi de rien, ni ses tentatives sentimentales, ni ses tentatives sensuelles, les unes et les autres paralysées par la certitude de l’échec et du désastre ! puisque, chaque jour, Aimery s’éloigne, s’éloigne, s’éloigne !…


Mme de Jaulgonne, dès la première heure de l’aventure, en a fixé le dénouement : « Quand tu seras toute à lui, il aura cessé de t’aimer… Les hommes sont ainsi… Et le jour qu’il t’abandonnera, ta vie sera brisée… Tout cela finirait dans une chapelle des Carmélites, je n’en serais pas surprise. Avec toi, ce qu’il faut prévoir, c’est une fin par le tombeau. »

Il n’est pas encore question de tombeau, assurément. Mais six mois ont cependant passé et voici que, tout à coup, Aimery Jouvelle quitte Paris, sans presque avertir, sauf d’un bleu. Et Psyché Vannetty, lisant ce bleu-là, songe que six mois plus tôt, Aimery, quittant Paris pareillement, en avait écrit un autre, très différent, — et qu’il n’était pas parti seul…

D’auteur à lecteur, Aimery Jouvelle, cette fois, aurait difficilement pu prier Psyché Vannetty de l’accompagner, puisque c’est à Marseille qu’il va, — à Marseille, où la triomphante Aracœli débarquera dans deux jours. — Mais Psyché Vannetty n’en sait rien, et n’aura pas le temps d’en rien apprendre. Car elle-même, soudain, se décide à