Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/26

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— Que ne le suivez-vous ? dit Aimery. Que ne vous laissez-vous entraîner ? Le chemin ne s’arrête pas ici, vous le savez bien. C’est ici qu’il commence et qu’il vous attend ! Il est libre, il est à vous…

— Non, vous ne m’avez pas comprise. Ce chemin-là, je ne le suivrai pas.

— C’est le seul.

— Ne dites plus rien. J’étais sur le point de devenir votre amie sincère et vous allez me décourager.

— Il n’y a pas d’autre chemin dans les paradis terrestres.

— Vous vous trompez. Ou plutôt vous voulez me tromper, car vous savez mieux que personne qu’il y a d’autres voies à l’exaltation, puisque vous êtes poète. Tout n’est pas cela…

— Tout y prend sa beauté !

— Non. Et à l’instant vous ne pensiez pas ainsi. Votre émotion à l’entrée du parc, votre attendrissement devant les merveilles de la terre et du ciel, votre passion ce n’était pas de l’amour !

— Il s’en fallait de trois minutes.

Vous êtes prompt. Je vous demande trois années pour en venir au point où vous en êtes et ne vous promets rien.

Tant de colère pour une opinion sur les chemins du Paradis ?

— Ce premier réveil du Printemps est une heure