Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/64

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même… Mais je le crois trop galant pour être fat. Si pourtant le monde l’apprenait, le potin courrait de bouche en bouche, on l’accueillerait comme les mille nouvelles dont on parle sans être sûr et les maîtresses de maison auraient soin de s’en souvenir, soit pour ménager l’un en présence de l’autre, soit pour vous inviter ensemble avec une discrète sympathie pour vos affaires sentimentales… Franchement, je ne vois pas d’autres suites possibles au scandale mondain qui te fait pâlir d’avance, ma chère amie, et que tu serais la seule à prendre au sérieux.

— Mais le mépris des gens ! leurs regards ! leurs réticences ! leurs arrière-pensées ! et le sentiment que j’ai moi-même quand je vois entrer une de ces femmes qui font des visites à sept heures du soir, ayant encore le feu du plaisir sur les joues…

— Après ?… Crois-tu donc, parce que tu n’as pas d’amant, que le monde ne t’en donne aucun ? »

Psyché se leva d’un bond.

« Moi ? on parle de moi ?

— Vraiment tu es trop naïve, ma petite Nichette ! Tu as quatre ans… Pourquoi se porterait-on garant de ta vertu ? On ne demande pas si Madame *** s’amuse ; on demande avec qui Madame *** a ses habitudes…

— Mais qu’est-ce qu’on a pu dire sur moi, puisqu’il n’y a rien ?

— Tout ce qu’on a voulu. Tu es la maîtresse de