Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/84

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Et comme dans les batailles antiques où les armées aux prises appelaient à leur secours les guerriers d’au delà des nues, elle se vainquit au nom du ciel, prenant toute sa force dans ses mains jointes et dans son espérance de la paix éternelle.

« Madame… C’est M. l’abbé Tholozan.

— J’y vais. »

La tête droite elle entra au salon.

L’abbé tenait à la main un petit livre broché de bleu, sur le noir de la soutane neuve.

« Je vous apporte un compagnon de voyage, dit-il en souriant : Les Méditations d’une âme en péril. Vous lirez cela en wagon, ou mieux encore là-bas, à tête reposée. C’est un livre réconfortant.

— Vous êtes venu voir si je partais, monsieur l’Abbé ? Vous avez eu raison. Il y a moins d’une heure, j’ai failli rester.

— Je m’y attendais un peu. Mais maintenant, vous êtes forte ?

— Je le suis.

— Vous ne partirez ni demain soir ni demain matin, mais immédiatement, comme vous vous l’êtes promis ?

— Immédiatement. Les malles sont faites. »

Le prêtre vint s’asseoir près de sa pénitents, lui prit la main et lui dit :

« Ma chère enfant, — permettez-moi de vous appeler ainsi — la courte défaillance que vous venez d’avoir m’était prévue et c’est pour éviter des re-