Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/97

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Ils se turent.

Mme Vannetty avait donné sa main aux deux mains tremblantes du jeune homme et s’appuyait sur elles, de tout son bras tendu.

La tête presque baissée, elle laissait tomber sur les yeux d’Aimery un regard flottant et voilé, puis fixe et clair, un regard dont tous les sentiments se disputaient la lumière et l’expression, mais où il y avait surtout de l’effroi.

Aimery s’était incliné tout à fait, un genou sur la banquette, un coude sur ce genou. Il ne touchait de Psyché que cette main éperdue, si palpitante et si chaude que le gant prenait vie autour d’elle et semblait déjà sa peau. Il ressentait, avec une passion immobile, cette petite chaleur intime et le vague parfum du corsage fermé. Mais il ne parlait plus, n’osait pas faire un geste. Comme si elle eût été la Psyché antique, le papillon blanc des mythologies, on eût dit qu’il craignait de porter la main