Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/150

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« Mon Dieu ! pourrai-je jamais faire tout cela ? Je me sens épouvanté de ma tâche dès que j’ose la mesurer des yeux. Comme Richepin devant la Mer, comme Hugo devant Napoléon, je recule, impuissant, terrassé par l’immensité de Celui que je veux chanter. Mais qu’importe ! Je tenterai la grande entreprise. Moi infirme, moi ver de terre, j’oserai parler de ce demi-dieu, Renan a bien osé parler de ce Jésus. Je ne sais si je réussirai, mais, si j’échoue, j’aurai du moins l’honneur, la gloire de l’avoir tenté. »

Cependant, comme M. Bémont me l’a dit dans mon dernier bulletin, je cherche encore ma voie.

Je viens de dire que je serais peut-être autre chose que l’homme de ma profession, que je serais probablement un homme de lettres distingué ; peut-être ne serais-je rien de tout cela ; peut-être serais-je compositeur : je suis fou de musique, et il me vient de temps en temps à l’esprit quelques mesures qui, ce me semble, ne feraient pas trop mal, imprimées. Aussi mon plus grand désir est-il d’apprendre l’harmonie.

Peut-être serais-je peintre. J’aime beaucoup à dessiner. Dernièrement j’ai été au Louvre et j’ai fait quelques croquis qui ne m’ont pas paru trop mauvais. Si je prenais des leçons, peut-être m’apercevrais-je que j’ai du talent.

Oh ! je ne dis pas que je serais un Massenet ou un Prud’hon. Ce sont là des cimes qu’on ne peut