Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/152

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moment terrible où toute la vie paraît un instant, où l’on éprouve des regrets si déchirants, où le désespoir est si horrible qu’il suffirait à donner la mort si la maladie ne le devançait pas. Et ce moment arrivera pour moi dans sept ans d’ici, au cœur de la vie, pour me faire disparaître pendant l’éternité. Quelle horreur ! quelle horreur[1] !


6 janvier 88.

Lorsqu’on lit Victor Hugo, il faut toujours se dire : « Ceci est sublime, ceci est unique, ceci est merveilleux. Si je ne comprends pas, c’est que je suis un âne. »

Victor Hugo a été si grand qu’il n’a pu faire que des choses admirables. C’est la perfection dans la beauté. Je dirais volontiers de lui ce que Mahomet disait de Jésus : « C’est de tous les humains celui qui ale plus approché de la divinité. » Et je serais même fortement tenté de dire de Victor Hugo ce que les chrétiens disent du même Jésus : « Cet homme, c’est Dieu. » Je ferais ainsi ma trinité. « Le Père, le Fils et Victor Hugo. »

  1. Le ton de ces huit pages (depuis jeudi 5 janvier 88) m’agace. La belle confiance que j’ai eue dès le premier jour me plaît, mais son expression m’est insupportable. — Le 5 janvier 1888, je veux être poète, musicien ou peintre. — Le 3 février, j’écris encore des vers idiots. Le 15 mars, les Roses d’Ausone, qui sont mieux.