Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/172

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Que je baise sur ta figure,
Tes yeux noirs que le ciel azure,
Que je sente ta chevelure
   De jais.

Mais restons-en là, ma chérie,
Que toujours ta peau si jolie,
Que ta gorge rose et polie
   D’enfant,
Sous ta chemise ensevelie,
Cache aux yeux sa forme arrondie
Dans ton chaste corset blottie
   Gaiement.

Nous allons tant nous adorer !
Je ne ferai que t’admirer
Et, te regardant, murmurer :
   « Je t’aime. »
Sans jamais, jamais nous quitter,
Nous allons tant nous embrasser
Que tu finiras par m’aimer
   Toi-même.

Et je verrai tes deux grands yeux,
Je passerai mes doigts nerveux
Dans la forêt de tes cheveux
   Sans trêve.
Et restant ainsi tous les deux,
Toujours contents, toujours joyeux…
— Mais tout cela n’est, malheureux !
   Qu’un rêve !