Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/196

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rence faite par chacun des critiques en renom, et c’était le tour de Sarcey. Son nom sur l’affiche m’avait tenté : je ne le connaissais pas. Et puis, ce Polyeucte, que… — il faut bien que-je l’avoue, — je n’avais jamais pu lire jusqu’au bout, et encore bien moins étudier, il fallait pourtant que je le connusse pour mon bachot… C’est pourquoi je suis venu.

Tout étant loué à l’avance, je prends une place à cent sous à l’orchestre (n° 52), chez un mastroquet.

Sarcey commence.

Et d’abord, en allant à l’Odéon, je m’étais dit ceci : « Sarcey va commencer par dire que Polyeucte est une pièce bien faite, et que Corneille savait son métier presque aussi bien que Scribe. »

C’est textuellement son début. Je riais !

Le reste a été moins bête. Cela a même été très bien ; c’était du meilleur Sarcey. Il s’est proposé de nous montrer que les personnages de Polyeucte n’étaient pas du tout de vieilles momies du XVIIe siècle, empoussiérées, jaunies, ridées ; que c’étaient des gens 1888, pour la bonne raison qu’ils étaient vrais, et que les gens 1888 sont identiquement, pour le fond, les gens 1640.

Il nous a dit : « Voilà le sujet tout bêtement : Pauline, comme cela arrive quelquefois, aime quelqu’un. Ce quelqu’un, Sévère, est beau, noble, il a toutes les qualités, mais, comme cela arrive encore souvent, il n’a pas le sou.