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Lundi, 26 mars 88.

J’écris de mon lit[1].

Je suis vanné, éreinté, fichu. J’ai mal à la tête, j’ai la fièvre, je suis mal à mon aise : tout cela à cause d’une sacrée composition de récitation que j’ai fait la bêtise de trop travailler.

Et cette nuit, quels rêves stupides ! Je dansais la Korrigane avec Mauri à l’Opéra ! Franchement, il faut avoir une fichue indisposition pour avoir des idées pareilles.

Mais aujourd’hui, comme je n’ai rien à faire, j’ai réfléchi à la pièce à laquelle je songe depuis quinze jours et j’ai fait un plan. Ce sera une fantaisie… imitée un peu de Musset, un peu de Gœthe, un peu de tout le monde, il faut bien que je l’avoue, puisque Georges prétend qu’on ne peut faire rien d’original avant vingt-cinq ans ; mais je ferai tout mon possible pour n’imiter personne.

Je n’ai pas de papier : j’écris mon plan ici.

Dieu que j’ai mal à la tête !

Sur l’Inconstant de Watteau.

1re partie : Forêt avec route, etc.

1re scène — Gretchen toute seule dans un fourré sur la mousse, étendue, monologue. Se désole de n’aimer personne. Caractère très doux, assez mé-

  1. Je crois que ceci est mon premier plan d’ouvrage. Un peu simplet. Mais il y a des analogies avec mon futur roman moderne. Déc. 97.