Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/209

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Passons à autre chose.

Mes lectures. Je viens de lire en même temps les deux auteurs les plus opposés, les plus dissemblables qui existent, comme qui dirait Eschyle et Florian, sans comparaison ; Marivaux et Montesquieu ; Pascal et Gyp ; Hugo et La Calprenède ; l’eau et le feu, le vin et le lait, le ciel et la terre, moi et un être dans son bon sens, enfin tout ce que vous pouvez imaginer dans notre littérature qui ait le moins de rapport, les deux extrêmes, les deux pôles. Eh bien, j’ai lu cela en même temps ; j’ai passé d’une heure à l’autre des bergerades les plus florianesques au réalisme le plus cru, des berquinades les plus éthérées aux déshabillés les plus grossiers, de la tranquillité la plus endormante à la fièvre la plus effrénée, du p’tit roman bien gentil à l’étude de mœurs la plus fouillée, des rêves les plus invraisemblables aux vérités les plus vécues, de la Petite Fadette au Bonheur des Dames, de George Sand à Zola.

Expédions George Sand : il y a une chose que je ne peux pas ne pas reconnaître : c’est qu’elle fait des dialogues charmants. Oh ! on a beau dire que c’est invraisemblable, que ce ne sont pas des paysans, qu’autrefois on faisait parler les paysans comme les belles dames et que maintenant on habille les belles dames en paysans et on leur fait dire des mots plus ou moins bien observés et recueillis, — c’est ravissant. — … mais il n’y a que