Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/231

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rable. Eh bien ! chacun peut s’en servir, il est dans la circulation ; c’est comme une strophe ou un rythme. C’est à tout le monde. Hugo a écrit Mil huit cent onze, l’Ode à Lamartine, Sara la baigneuse, sur les rythmes de Ronsard. Qui a songé à le lui reprocher ?

Et qui songerait à blâmer Loti, quand il est parvenu, par miracle, à égaler les chapitres d’Hugo ; qui sait, même ? à les dépasser !

Ce Vieux est une des plus belles choses qui existent dans la langue française.

Le Mariage de Loti, c’est tout autre chose.

C’est bien joli.

J’ai fini ce matin, et je me dis : « Mais ce n’est pas difficile de faire un livre comme ça. Il n’y a pas de style, il n’y a pas de caractères, il n’y a pas d’intrigue… »

Comment ça se fait-il, alors, que ça soit ravissant ?

Il n’y a pas de style, et c’est merveilleusement écrit.

Il n’y a pas de caractères, et les personnages sont vivants.

Il n’y a pas d’intrigue, et rarement un livre m’a plus intéressé.

Bizarre.

Car enfin c’est ravissant, c’est ravissant.

J’ai la nostalgie de Tahiti depuis que j’ai lu Loti. Se peut-il qu’il y ait un tel pays sur la terre :