Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/256

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riez pas, je suis très sérieux. Ne dites pas non, je vous étrangle !

John Brown pendu est tout aussi surhumain. Une potence fantastique, vue de face et d’en bas, écartant démesurément ses deux bras, se perd dans la brume par son pied, et a l’air de se prolonger éternellement dans les profondeurs. Au bout pend John Brown, veste d’ouvrier, mains liées derrière le dos, éclairé par plaques de rayons de lune, sur sa tête embroussaillée et retombante, sur sa poitrine, sur son genou, sur son pied. Le reste est noir, noir, et la potence se perd dans la nuit.

Des châteaux, des burgs, des tours, des rochers de la brume, du vent, de la nuit…

Et des châteaux, des burgs, des tours…

Des toits en escaliers, des flèches de tours en fer de lance, des vermoulures de pierre inouïes, des murs blancs, des murs noirs, et la brume, et la nuit.

Et puis des marines : une traînée de café au lait, et voilà le dessus d’une vague.

extraordinaire !

(Non par le moyen, je m’en moque. Mais l’effet produit.)

Je mets en fait que jamais dessinateur n’a fait une mer comme lui.

Parlez-moi donc de la vague de Courbet auprès de cette vague qu’il a intitulée : « ma destinée ».

Hugo a deux manières dont il ne sort pas.