Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/278

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le second à Gide, le troisième à Besnard pour son eau-forte, et le dixième à moi. Les autres sont conservés pour les amis futurs. Pas un exemplaire ne sera mis dans le commerce ; pas un surtout ne sera envoyé aux critiques. En dehors de mes amis, je n’en enverrai qu’aux compositeurs. En un mot, je ne ferai rien pour que le public vienne à moi. Si quelque ami me proposait un article dans un journal ou une revue, je le refuserais. En les faisant imprimer secrètement, j’ôte à mes Symphonies la plus petite souillure de réclame même celle des bulletins bibliographiques hebdomadaires, même celle de l’insertion au catalogue du libraire, ou de l’annonce à la couverture d’un livre ami. On ne verra pas le samedi dans le Temps : paru chez Vanier Les Symphonies, par Chrysis, un vol. in-8o de XV-361 pages. On ne verra pas dans le catalogue de Lemerre mon nom au-dessous de celui d’André Chénier. Je ne ferai rien pour me faire connaître.

Très probablement je changerai de pseudonyme à chaque ouvrage pour dérouter encore plus ce vulgaire profane pour qui j’ai de la pitié comme homme, de la pitié religieuse, mais du mépris comme poète, du mépris souverain. Car je ne veux pas de ses louanges ignares, et de son enthousiasme enfantin. Si je me commettais jusqu’à lui demander son avis en publiant, je n’aurais pas le droit de le dédaigner ainsi. Mais comme je ne