Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/285

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d’avoir mis à néant ce beau travail en la renvoyant entre Élisabeth et Jeanne !… Et ensuite, au champagne, elle m’avait attendu pour me faire signe, derrière son verre… Ah ! si j’étais sûr de quelque chose !

Le soir, j’ai tout laissé deviner à Georges. Il a été convenu que j’irais dire adieu « à Lucie » demain soir. Que vais-je lui dire, à elle, un regard, ou un serrement de main ?

*

— J’ai dit cela parce qu’il fallait que cela fût dit.

Mais il s’agit de bien autre Chose !

Georges consent.

En rentrant ce soir, j’ai trouvé sur mon bureau, près de la table où j’allais dîner seul devant le feu, une enveloppe. Je l’ai ouverte : Georges consent.

C’est-à-dire qu’il demande trois jours de réflexion ; mais il m’autorise dès aujourd’hui à demander conseil à mon oncle Edmond.

La première impression a été un apaisement très orgueilleux, puis un bonheur très tranquille.

J’étais fier que Georges ne me traite plus en enfant. Je l’aimais d’avoir su à propos se dégager du souvenir toujours puéril qu’on rattache à ceux qu’on a élevés, et je le remerciais de tout mon cœur parce qu’il avait compris.

Puis je suis devenu très calme. Étais-je calme ? Je me suis levé dix fois de table, j’ai chanté, j’ai