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Mardi, 22 juillet 90.

Je sors du banquet donné à Dierx par l’Écho de Paris, — à l’occasion de sa nomination à la Légion d’honneur.

Dierx avait à sa gauche Heredia, et à sa droite Xavier Charmes et Armand Silvestre. De l’autre côté de la table, Mendès, Rodenbach et Jean Lorrain à la suite l’un de l’autre. Près de moi Lepelletier, Darzens à ma gauche avec Henry Bauër.

Darzens était arrivé en retard ; il s’est placé près de moi très gentiment et nous avons longuement causé. Il a quitté la Russie à douze ans ; il a fait ses études à Sainte-Barbe et, à seize ans, il était reçu bachelier. Depuis, il a fait des vers et, à dix-neuf ans, il a publié son premier volume : la Nuit. En ce moment, il a presque abandonné les vers et il fait un roman, dont l’action se passe en une heure. « Afin d’embêter le public », dit-il. Pourquoi dire cela ! quelle phrase absurde !

C’était la première fois que je voyais ainsi réunis des écrivains connus. Quelle vilaine race ! Ils n’ont pas cessé de dire du mal les uns des autres.

Lepelletier, qui est spirituel et assez fin même, a dit du mal de tous, même et surtout de ses deux corédacteurs en chef : Mendès et Silvestre ; mais il a longuement parlé de Verlaine, qu’il a beaucoup, connu et sur lequel il disait des choses intéressantes. La première pièce que Verlaine n’ait pas