Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/323

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plus raffiné, et plus intelligent parce qu’il est plus vicieux… Butors !

Êtres imbéciles ! cerveaux atrophiés, immondes crétins, brutes idiotes, si méprisables qu’on ne sait en vérité lesquels préférer, de vous ou de ceux qui vous attaquent, des innocents qui croient au vice, ou des niais qui croient à la vertu. Ô vraiment honteux, vraiment bas notre siècle, attardé à ces luttes d’enfant. Et vraiment grand le prophète attendu qui dessillera les yeux des hommes, et prêchera des choses si hautes que pour les peuples à venir, moral et immoral seront des mots en désuétude.

J’aurais aimé connaître une femme qui eût conscience de sa beauté, en ayant, comme il sied aux déesses, avant toutes choses, le culte d’elle-même. Elle se serait livrée à mon adoration tout entière, impassible et complaisante, sans un mot d’amour pour ma jeunesse, ni de dédain pour mon amour ; et je l’aurais assez respectée pour ne point m’avilir sur elle, et d’autres auraient guéri les exigences de mon corps. Mais chaque jour, sans craindre de sa part les étonnements ni les railleries, sûr d’être compris par ses yeux, j’aurais repu de ses harmonies mon éternel désir d’idéal, j’aurais dégagé mon amour de toute végétation bâtarde, obscénité ou sensiblerie, et dans l’image sacrée que mon esprit aurait faite d’après elle, avec indignation j’aurais refusé de châtrer la ligne du ventre selon la mode des peintres de ce temps, mais j’au-