Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/325

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cette retraite ! Quel contentement de ne plus parler et de retourner les yeux à l’intérieur dans la solitude de la cellule. Et quel bonheur de songer que deux jours à peine sont passés, que je puis rester ici huit jours, dix jours, quinze jours si je le veux et m’en aller demain, si cela me plaît ainsi.

Jamais je n’ai si bien vu qu’aujourd’hui que de temps on perd à vivre dans le monde ; depuis hier j’ai plus lu, j’ai plus réfléchi, j’ai plus vécu que je n’aurais fait en une semaine à Paris. Aussi désormais je n’hésiterai plus : quand j’aurai un livre à faire je viendrai ici, ou dans un monastère analogue ; la vie de Paris est impossible à ceux qui veulent écrire.

J’ai passé toute ma journée dans la nuit, les volets soigneusement clos, avec deux bougies sur ma table de nuit, près du lit où je me reposais de temps en temps. La nuit dernière, je me suis couché à quatre heures du matin ; la veille et le jeûne, c’est plus qu’il n’en faut pour me fatiguer.


Même jour, 7 h. 1/2 soir.

Deuxième contemplation.

[Sur la Légende des siècles]

Élévation (la même que pour la première).

1er prélude (composition de lieu). — Je me représente le monde terrestre, la planète dans l’espace, à peine habitée encore, où va se dérouler