Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/339

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sait, avec ses loges voilées et son lustre à peine éclairé. C’était comme un dedans de fauteuil avec une housse déchirée. La pièce est très mauvaise. Je le regrette pour Vicaire que j’estime beaucoup ; mais l’idée est très banale et, ce qui est plus grave, les vers sont tristement faits, des vers de romance, du délayage de sentiment. Encore un succès comme celui-là auprès du public, et le pauvre garçon sera coulé auprès des Vrais. J’ai vu dans la salle ou sous l’Odéon : Leconte de Lisle, Mounet-Sully, Jean Moréas, Émile Michelet, Quellien, Paul Neveux, Laugier, Leloir, Cocheris, Béranger, et d’autres, plus connus.

Le soir, je devais aller à une réunion de la Plume, la première de la saison. Mais jusqu’à dix heures, que faire ? J’avise une affiche : Op.-Com. Prem. représ. Colombine. — Mireille. — Le maître de Chapelle. Rideau 7 h. 1/4. Trois heures occupées : allons là. Parlerais-je de cela, si, plus pressant que jamais, le désir de créer le poème d’opéra ne m’avait secoué tout le temps ? J’avais envie de corriger tous les vers ; de suppléer aux chutes de rythme, d’animer la mesure, d’ailer la strophe et de scander sur des mots nouveaux toutes les notes de tous les chants. Rien n’est fait de ce côté ; rien ! Le poème d’opéra n’est pas un genre littéraire. Et ce serait le seul si on voulait pouvoir ! C’est là qu’est la voie.

J’ai quitté le théâtre à dix heures. Au Soleil