Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/350

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dans Sigurd elle prenait une voix de l’autre monde pour dire : « la Walkyrie !… » de même hier elle a eu des inflexions visionnaires pour exprimer « l’exta… se des élus ».

Mais où elle était admirable surtout, c’est à la fin… Qui marchera comme elle, de son lit vers la porte, ayant tant de remords sur son front, que les trombones rappelant le secret juré semblent évoqués par elle-même !

Le quart de la salle a applaudi frénétiquement et a fait relever le rideau trois fois. Le reste s’est tu ; c’est ce que les imbéciles ont de mieux à faire.

Quant à moi, j’étais tellement excité, excité de joie et d’énervement, que j’ai quitté la salle et j’ai marché dans Paris jusqu’au Louvre, le long de l’avenue de l’Opéra aller et retour. Et je ne suis pas encore calmé.


9 novembre.

La Princesse Maleine est une légende étrange et merveilleuse. Elle a des transparences d’eau nocturne, des ombres de forêt profonde, des teintes effacées et uniformes derrière lesquelles on prévoit des roulements de tonnerre lointain. J’aurais aimé la lire complètement, délaissé dans une chambre vêtue de tentures tombantes, sans entrevoir l’ombre d’une forme, sans entendre l’écho d’un son. Pas la nuit, pourtant, à cause des lumières ; mais dans