Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/365

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Mallarmé, Heredia, Régnier, Dierx, Griffin, Maeterlinck, Verlaine, Moréas, Morice, les seuls à qui j’aie demandé des vers, ont aussitôt accepté. Je suis toujours étonné que les gens soient si aimables avec moi. Chaque nouvelle preuve d’intérêt me stupéfie, manque d’habitude au lycée.

Le seul point noir, ce sont les vrais rédacteurs, les jeunes, qui manquent un peu. J’espère qu’ils viendront.


1er mars.

Cette fois, l’heure est venue.

C’est la phtisie.

Depuis cinq ans je l’attendais. Serait-ce à dix-huit ans, à vingt-sept, à trente-deux ? C’est à vingt.

Vraiment, c’est trop tôt. Sans plaintes stupides, sans puérils regrets, j’ai le droit de le dire. C’est trop tôt.

J’ai si peu vécu ! si peu, si peu, si peu ! Tant de choses encore que je ne connais pas ! que je n’aurai jamais connues.

Et surtout mourir sans avoir rien fait. Mourir sans pouvoir se dire à soi-même qu’on a eu un moment d’orgueil légitime. Et sans avoir rien commencé dans la belle vie espérée.

C’était bien la peine « d’avoir quelque chose là » !