Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/76

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L’abbé. — !!!…

Bob. — Dites donc, M’sieu l’abbé, c’est-y plus difficile de faire des p’tits ou d’chanter ?

Là-dessus, me voilà parti d’un fou rire.

Et je continue le chapitre jusqu’au bout, et je reprends le commencement du chapitre, puis le commencement du livre, et je lis, je lis…

Je m’étais mis debout contre la rangée de livres, tournant le dos à M. Bran pour pouvoir lire à mon aise, et prêt à remettre le bouquin à mon aise au premier bruit de pas, car j’aurais été fort peu flatté que mon oncle Edmond ou Charles Dubois me vissent lire du Gyp.

À chaque instant, un passage délirant me faisait éclater. J’avais mis mon mouchoir dans ma bouche, je me mordais les lèvres, je me pinçais, mais rien n’y faisait, et j’étais continuellement obligé de m’arrêter ; je ne pouvais plus y tenir.

En sortant de là, je suis allé m’acheter de la crème Simon, comme m’a dit T…, pour faire passer mes boutons, car je suis vraiment trop laid, et T…, ne m’embrasse plus.

En rentrant ici, je me suis rasé pour la première fois moi-même avec le rasoir mécanique que papa m’a donné, et son blaireau et sa crème d’amandes. Puis je me suis mis de la crème Simon sur le menton et sur les joues. Mes joues sont maintenant douces comme une peau de jeune fille et exhalent une odeur de jolie femme qui m’y fait penser.