Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/117

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Il en venait de plus loin encore : des petits êtres menus et lents, dont personne ne savait la langue et qui ressemblaient à des singes jaunes. Leurs yeux s’allongeaient vers les tempes ; leurs cheveux noirs et droits se coiffaient bizarrement. Ces filles restaient toute leur vie timides comme des animaux perdus. Elles connaissaient les mouvements de l’amour, mais refusaient le baiser sur la bouche. Entre deux unions passagères, on les voyait jouer entre elles assises sur leurs petits pieds et s’amuser puérilement.

Dans une prairie solitaire, les filles blondes et roses des peuples du Nord vivaient en troupeau, couchées sur les herbes. C’étaient des Sarmates à triple tresse, aux jambes robustes, aux épaules carrées, qui se faisaient des couronnes avec des branches d’arbre et luttaient corps à corps pour se divertir ; des Scythes camuses, mamelues, velues, qui ne s’accouplaient qu’en posture de bêtes ; des Teutonnes gigantesques qui terrifiaient les Égyptiens par leurs cheveux pâles comme ceux des vieillards et leurs chairs plus molles que celles des enfants ; des Gauloises rousses comme des vaches et qui riaient sans raison ; de jeunes Cel-