Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

habitantes vendaient pour ne pas maigrir de faim. Celles-ci transportaient alors leur statuette obscène dans le parc et cherchaient un autel fait d’une pierre plate, dans un coin qu’elles ne quittaient plus. Les marchands pauvres savaient cela et s’adressaient plus volontiers à celles qui couchaient ainsi sur la mousse près de leurs sanctuaires en plein vent ; mais parfois ceux-là même ne se présentaient pas, et alors les pauvres filles unissaient leur misère deux à deux par des amitiés passionnées qui devenaient des amours presque conjugales, ménages où l’on partageait tout, jusqu’à la dernière loque de laine, et où d’alternatives complaisances consolaient des longues chastetés.

Celles qui n’avaient pas d’amie s’offraient comme esclaves volontaires chez leurs camarades plus recherchées. Il était interdit que celles-ci eussent à leur service plus de douze de ces pauvres filles ; mais on citait vingt-deux courtisanes qui atteignaient le maximum et s’étaient choisi parmi toutes les races une domesticité bariolée.

Au hasard des amants si elles concevaient un fils, on l’élevait dans l’enceinte du temple