Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/129

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Fallait-il entrer directement chez la seconde victime de Chrysis ? Démétrios ne le pensa pas. La prêtresse Touni, qui possédait le fameux peigne d’ivoire, était si charmante et si faible qu’il craignit de se laisser toucher s’il se rendait auprès d’elle sans une précaution préalable. Il retourna sur ses pas et longea la Grande-Terrasse.

Les courtisanes étaient en montre dans leurs « chambres exposées », comme des fleurs à l’étalage. Leurs attitudes et leurs costumes n’avaient pas moins de diversité que leurs âges, leurs types et leurs races. Les plus belles, selon la tradition de Phryné, ne laissant à découvert que l’ovale de leur visage, se tenaient enveloppées des cheveux aux talons dans leur grand vêtement de laine fine. D’autres avaient adopté la mode des robes transparentes, sous lesquelles on distinguait mystérieusement leurs beautés comme à travers une eau limpide on discerne les mousses vertes en taches d’ombre sur le fond. Celles qui pour tout charme n’avaient que leur jeunesse restaient nues jusqu’à la ceinture et cambraient le torse en avant pour faire apprécier la fermeté de leurs seins. Mais les