porter tout son poids d’homme à une pouliche trop délicate.
« Mais tu n’es pas femme ! s’écria-t-il.
— Je ne suis pas femme ! Par les deux déesses, qu’est-ce que je suis, alors ? Un Thrace, un portefaix ou un vieux philosophe ?
— Quel âge as-tu ?
— Dix ans et demi. Onze ans. On peut dire onze ans. Je suis née dans les jardins. Ma mère est Milésienne. C’est Pythias, qu’on appelle la Chèvre. Veux-tu que je l’envoie chercher, si tu me trouves trop petite ? Elle a la peau douce, maman, elle est belle.
— Tu as été au Didascalion ?
— J’y suis encore dans la sixième classe. J’aurai fini l’année prochaine ; ce ne sera pas trop tôt.
— Est-ce que tu t’y ennuies ?
— Ah ! si tu savais comme les maîtresses sont difficiles ! Elles font recommencer vingt-cinq fois la même leçon ! des choses tout à fait inutiles, que les hommes ne demandent jamais. Et puis on se fatigue pour rien ; moi, je n’aime pas ça. Tiens, prends une figue ; pas celle-là, elle n’est pas mûre. Je t’apprendrai une nouvelle manière de les manger : regarde.