Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/142

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Une femme seule, vêtue d’une triple mousseline rayée de bleu, s’avançait d’un pas tranquille. Dès qu’elle aperçut l’enfant, elle courut à elle, la souleva de terre, la prit dans ses bras et l’embrassa fortement sur les joues.

« Ma petite fille ! mon petit amour, où vas-tu ?

— Je conduis quelqu’un qui veut voir Chimairis. Et toi ? Est-ce que tu te promènes ?

— Corinna est accouchée. Je suis allée chez elle ; j’ai dîné près de son lit.

— Et qu’est-ce qu’elle a fait ? un garçon ?

— Deux jumelles, mon chéri, roses comme des poupées de cire. Tu peux y aller cette nuit, elle te les montrera.

— Oh ! que c’est bien ! Deux petites courtisanes. Comment les appelle-t-on ?

— Pannychis toutes les deux, parce qu’elles sont nées la veille des Aphrodisies. C’est un présage divin. Elles seront jolies. »

Elle reposa l’enfant sur ses pieds, et s’adressant à Démétrios :

« Comment trouves-tu ma fille ? Ai-je le droit d’en être orgueilleuse ?

— Vous pouvez être satisfaites l’une de l’autre, dit-il avec calme.