Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/150

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Sa peau était très bistrée, ses lèvres étaient très épaisses, ses épaules étaient très fines, sa taille, fragile et souple, semblait fatiguée par le poids de sa gorge pleine. Elle dormait la bouche ouverte, et rêvait doucement.

Démétrios se pencha sur elle, sans bruit. Il respira quelque temps l’odeur exotique de ses cheveux ; puis, tirant une des deux longues épingles d’or qui brillaient aux-dessus des oreilles, il l’enfonça vivement sous la mamelle gauche.


Pourtant, cette femme lui aurait donné son peigne et même sa chevelure aussi, par amour.

S’il ne le demanda pas, ce fut pur scrupule : Chrysis avait très nettement exigé un crime et non pas tel bijou ancien, piqué dans les cheveux d’une jeune femme. C’est pourquoi il crut de son devoir de consentir à quelque effusion de sang.

Il aurait pu considérer encore que les serments qu’on fait aux femmes pendant les accès amoureux peuvent s’oublier dans l’intervalle sans grand dommage pour la valeur morale de l’amant qui les a jurés, et que si