Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/164

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bien rester féminines toutes les deux, garder leurs longues chevelures, découvrir leurs seins et ne pas s’affubler d’instruments postiches, comme si, par une inconséquence, elles enviaient le sexe grossier qu’elles méprisent si joliment. Oui, leur liaison est remarquable parce que leurs caresses sont toutes superficielles, et leur volupté d’autant plus raffinée. Elles ne s’étreignent pas, elles s’effleurent pour goûter la suprême joie. Leur nuit de noces n’est pas sanglante. Ce sont des vierges, Chrysis. Elles ignorent l’action brutale ; c’est en cela qu’elles sont supérieures à Bathylle, qui prétend en offrir l’équivalent, oubliant que vous aussi, et même pour cette piètrerie, vous pourriez lui faire concurrence. L’amour humain ne se distingue du rut stupide des animaux que par deux fonctions divines : la caresse et le baiser. Or ce sont les femmes dont nous parlons ici. Elles les ont même perfectionnées.

— On ne peut mieux, dit Chrysis ahurie. Mais alors que me reproches-tu ?

— Je te reproche d’être cent mille. Déjà un grand nombre de femmes n’ont de plaisir parfait qu’avec leur propre sexe. Bientôt vous