Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/167

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Une troisième fois Chrysis interrogea le jeu ; mais dès que l’osselet fut retombé, elle bégaya :

« Le… le point de Chios ! »

Et elle éclata en sanglots.


Djala ne disait rien, inquiète elle-même. Chrysis pleurait sur le lit, les cheveux répandus autour de la tête. Enfin elle se retourna dans un mouvement de colère.

« Pourquoi m’as-tu fait recommencer ? Je suis sûre que le premier coup comptait.

— Si tu as fait vœu, oui. Si tu n’as pas fait vœu, non. Toi seule le sais, dit Djala.

— D’ailleurs, les osselets ne prouvent rien. C’est un jeu grec. Je n’y crois pas. Je vais essayer autre chose. »

Elle essuya ses larmes et traversa la chambre. Elle prit sur une tablette une boîte de jetons blancs, en compta vingt-deux, puis, avec la pointe d’une agrafe de perles, elle y grava l’une après l’autre les vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu. C’étaient les arcanes de la Cabbale qu’elle avait appris en Galilée.

« Voilà en quoi j’ai confiance. Voilà ce qui ne trompe pas, dit-elle. Lève le pan de ta robe ; ce sera mon sac. »