Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/174

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quelquefois, au-dessus d’une bouche épaisse et peinte, aux coins arrondis et mouvants. La ligne souple du corps ondulait à chaque pas, et s’animait du roulis des hanches ou du balancement des seins libres sous la taille qui pliait.

Ses yeux étaient extraordinaires, bleus, mais foncés et brillants à la fois, changeants comme des pierres lunaires, à demi-clos sous les cils couchés. Ils regardaient, ces yeux, comme les sirènes chantent…

Le prêtre se tournait vers elle, attendant qu’elle parlât.

Elle dit :

*

« Chrysis, ô Chryseia, te supplie. Accueille les faibles dons qu’elle pose à tes pieds. Écoute, exauce, aime et soulage celle qui vit selon ton exemple et pour le culte de ton nom. »


Elle tendit en avant ses mains dorées de bagues et se pencha, les jambes serrées.

Le chant vague recommença. Le murmure des harpes monta vers la statue avec la fumée