Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/184

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Mais Démétrios ne répondait pas, écoutait à peine, restait égaré. Il ne voyait de la jeune reine que le sourire rouge de sa bouche et le coussin noir de ses cheveux qu’elle coiffait toujours desserrés pour y coucher sa tête lasse.

Elle disait :

« Bien-Aimé, j’ai pleuré dans la nuit. Mon lit était froid. Quand je m’éveillais, j’étendais mes bras nus des deux côtés de mon corps et je ne t’y sentais pas, et ma main ne trouvait nulle part ta main que j’embrasse aujourd’hui. Je t’attendais au matin, et depuis la pleine lune tu n’étais pas venu. J’ai envoyé des esclaves dans tous les quartiers de la ville et je les ai fait mourir moi-même quand ils sont revenus sans toi. Où étais-tu ? tu étais au temple ? Tu n’étais pas dans les jardins, avec ces femmes étrangères ? non, je vois à tes yeux que tu n’as pas aimé. Alors, que faisais-tu, toujours loin de moi ? Tu étais devant la statue ? Oui, j’en suis sûre, tu étais là. Tu l’aimes plus que moi maintenant. Elle est toute semblable à moi, elle a mes yeux, ma bouche, mes seins ; mais c’est elle que tu