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Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/219

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but et pour ressource, ne craignent pas de s’y montrer moins belles que dans la rue, voilà qui est inconcevable.

— Tu n’y connais rien, Naucratès, dit Chrysis avec un sourire. Je sais qu’on ne retient pas un amant sur vingt ; mais on ne séduit pas un homme sur cinq cents, et avant de plaire au lit, il faut plaire dans la rue. Personne ne nous verrait passer si nous ne mettions ni rouge ni noir. La petite paysanne dont parle Philodème n’a pas eu de peine à l’attirer puisqu’elle était seule dans son village ; il y a quinze mille courtisanes ici, c’est une autre concurrence.

— Ne sais-tu pas que la beauté pure n’a besoin d’aucun ornement et se suffit à elle-même ?

— Oui. Eh bien, fais concourir une beauté pure, comme tu dis, et Gnathène qui est laide et vieille. Mets la première en tunique trouée aux derniers gradins du théâtre et la seconde dans sa robe d’étoiles aux places retenues par ses esclaves, et note leurs prix à la sortie : on donnera huit oboles à la beauté pure et deux mines à Gnathène.

— Les hommes sont bêtes, conclut Séso.