Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ler ; c’était par impatience qu’elle avait quitté la salle.

Les maladresses de Timon n’avaient fait qu’exaspérer sa rage muette jusqu’à une surexcitation tremblante qui la força d’appliquer son corps contre la fraîche colonne lisse et monstrueuse.

Elle pressentit une crise, et eut peur.

Elle appela l’esclave Arêtias :

« Garde-moi mes bijoux ; je sors. »

Et elle descendit les sept marches.


La nuit était chaude. Pas un souffle dans l’air n’éventait sur son front ses lourdes gouttes de sueur. La désillusion qu’elle en eut accrut son malaise et la fit chanceler.

Elle marcha en suivant la rue.


La maison de Bacchis était située à l’extrémité de Brouchion, sur la limite de la ville indigène, Rhacotis, énorme bouge de matelots et d’Égyptiennes.

Les pêcheurs, qui dormaient sur les vaisseaux à l’ancre pendant l’accablante chaleur du jour, venaient passer là leurs nuits jusqu’à l’aube et laissaient pour une ivresse double, aux filles et aux vendeurs