Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/244

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femmes et des hommes, quatre esclaves haussèrent la martyre au niveau des branches de la croix.

Encore pas un son n’était sorti de sa bouche, mais quand elle sentit contre son dos nu le froid de la poutre rugueuse, ses longs yeux s’écarquillèrent, il lui prit un gémissement saccadé qui ne cessa plus jusqu’à la fin.

Elles la mirent à cheval sur un piquet de bois qui était fiché au milieu du tronc et qui servait à supporter le corps pour éviter le déchirement des mains.

Puis on lui ouvrit les bras.


Chrysis regardait, et se taisait. Que pouvait-elle dire ? Elle n’aurait pu disculper l’esclave qu’en accusant Démétrios, qui était hors de toute poursuite, et se serait cruellement vengé, pensait-elle. D’ailleurs, une esclave était une richesse, et l’ancienne rancune de Chrysis se plaisait à constater que son ennemie allait ainsi détruire de ses propres mains une valeur de trois mille drachmes aussi complètement que si elle eût jeté les pièces d’argent dans l’Eunoste. Et puis la vie d’un être servile valait-elle qu’on s’en occupât ?