Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/308

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jusqu’à la muraille du Canal, les rives du Port Royal, du Grand-Port et de l’Eunoste regorgeaient d’une masse serrée qui se nourrissait indéfiniment par les embouchures des rues. Au-dessus de cet océan, agité de remous immenses, écumeux, de bras et de visages, flottait comme une barque en péril la litière aux voiles jaunes de la reine Bérénice. Et d’instant en instant s’augmentant de bouches nouvelles, le bruit devenait formidable.


Ni Hélène sur les portes Scées, ni Phryné dans les flots d’Éleusis, ni Thaïs faisant allumer l’incendie de Persépolis n’ont connu ce qu’est le triomphe.

Chrysis était apparue par la porte de l’Occident, sur la première terrasse du monument rouge.

Elle était nue comme la déesse, elle tenait des deux mains les coins de son voile écarlate que le vent enlevait sur le ciel du soir, et de la main droite le miroir où se reflétait le soleil couchant.

Avec lenteur, la tête penchée, par un mou-