où elle était et se ruiner en quelques nuits. Avec la fortune de ces hommes, elle s’était acheté des bijoux, des coussins de lit, des parfums rares, des robes à fleurs et quatre esclaves.
Elle était arrivée à comprendre beaucoup de langues étrangères, et connaissait des contes de tous les pays. Des Assyriens lui avaient dit les amours de Douzi et d’Ischtar ; des Phéniciens celles d’Aschthoreth et d’Adôni. Des filles grecques des îles lui avaient conté la légende d’Iphis en lui apprenant d’étranges caresses qui l’avaient surprise d’abord, mais ensuite charmée à ce point qu’elle ne pouvait plus s’en passer tout un jour. Elle savait aussi les amours d’Atalante et comment, à leur exemple, des joueuses de flûte encore vierges épuisent les hommes les plus robustes. Enfin son esclave hindoue, patiemment, pendant sept années, lui avait enseigné jusqu’aux derniers détails l’art complexe et voluptueux des courtisanes de Palibothra.
Car l’amour est un art, comme la musique. Il donne des émotions du même ordre, aussi délicates, aussi vibrantes, parfois peut-être plus intenses ; et Chrysis, qui en connaissait