Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/335

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la jette au milieu de la chambre. Lourdement, le corps retombe.

De ses deux mains sous les aisselles fraîches, Démétrios fait glisser la morte jusqu’au haut du lit. Il tourne la tête sur la joue gauche, rassemble et répand la chevelure splendidement sous le dos couché. Puis il relève le bras droit, plie l’avant-bras au-dessus du front, fait crisper les doigts encore mous sur l’étoffe d’un coussin : deux lignes musculaires admirables, descendant de l’oreille et du coude, viennent s’unir sous le sein droit qu’elles portent comme un fruit.

Ensuite il dispose les jambes, l’une étendue roidement de côté, l’autre le genou dressé et le talon touchant presque la croupe. Il rectifie quelques détails, plie la taille à gauche, allonge le pied droit et enlève les bracelets, les colliers et les bagues, afin de ne pas troubler par une seule dissonance l’harmonie pure et complète de la nudité féminine.

Le Modèle a pris la pose.


Démétrios jette sur la table la motte d’argile humide qu’il a fait porter là. Il la presse, il la pétrit, il l’allonge selon la forme humaine :