Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/58

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beaucoup d’aventures, n’est-ce pas ? Comment se fait-il que la reine n’en soit pas informée ?

— La reine les connaît comme nous. Elle l’aime trop pour lui en parler. Elle a peur qu’il ne retourne à Rhodes, chez son maître Phérécratès. Il est aussi puissant qu’elle et c’est elle qui l’a voulu.

— Il n’a pas l’air heureux. Pourquoi a-t-il l’air si triste ? Il me semble que je serais heureux si j’étais lui. Je voudrais bien être lui, ne fût-ce que pour une soirée… »


Le soleil s’était couché. Les femmes regardaient cet homme, qui était leur rêve commun. Lui, sans paraître avoir conscience du mouvement qu’il inspirait, se tenait accoudé sur le parapet, en écoutant les joueuses de flûte.

Les petites musiciennes firent encore une quête ; puis, doucement, elles jetèrent leurs flûtes légères sur leurs dos ; la chanteuse les prit par le cou et toutes trois revinrent vers la ville.

A la nuit close, les autres femmes rentrèrent par petits groupes, dans l’immense Alexandrie, et le troupeau des hommes les