Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/61

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lui était une souffrance, il évita d’y penser.

A ses pieds luisait un objet d’ivoire. Il le ramassa : c’était une tablette à écrire, d’où pendait un style d’argent. La cire en était presque toute usée, mais on avait dû repasser plusieurs fois les mots tracés, et la dernière fois on avait gravé dans l’ivoire.


Il n’y vit que trois mots écrits :


Myrthis aime Rhodocleia


et il ne savait pas à laquelle des deux femmes appartenait ceci, et si l’autre était la femme aimée, ou bien quelque jeune inconnue, abandonnée à Éphèse. Alors, il songea un moment à rejoindre les musiciennes pour leur rendre ce qui était peut-être le souvenir d’une morte adorée ; mais il n’aurait pu les retrouver sans peine, et, comme il cessait déjà de s’intéresser à elles, il se retourna paresseusement et jeta le petit objet dans la mer.

Cela tomba rapidement, en glissant comme un oiseau blanc, et il entendit le clapotis que fit l’eau lointaine et noire. Ce petit bruit lui fit sentir le vaste silence du port.

Adossé au parapet froid, il essaya de chasser