Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/76

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traversait la jetée. Pourquoi, sans un mot de salut, avait-elle poursuivi sa route ? Le bruit courait que certaines femmes choisissaient parfois les heures fraîches d’avant l’aube pour se baigner dans la mer. Mais on ne se baignait pas au Phare. La mer était là trop profonde. D’ailleurs, quelle invraisemblance qu’une femme se fût ainsi couverte de bijoux pour n’aller qu’au bain ?… Alors, qui l’attirait si loin de Rhacotis ? Un rendez-vous, peut-être ? Quelque jeune viveur, curieux de variété, qui prenait pour lit un instant les grandes roches polies par les vagues ?

Démétrios voulut s’en assurer. Mais déjà la jeune femme revenait, du même pas tranquille et mou, éclairée en plein visage par la lente clarté lunaire et balayant du bout de l’éventail la poussière du parapet.