Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/79

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Elle baissa les paupières et passa près de lui.

Il aurait crié d’impatience. Ses poings se crispèrent : il eut peur de ne pas pouvoir reprendre une attitude calme, car il fallait lui parler. Pourtant il l’aborda par les paroles d’usage :

« Je te salue, dit-il.

— Je te salue aussi, » répondit la passante.

Démétrios continua :

« Où vas-tu, si peu pressée ?

— Je rentre.

— Toute seule ?

— Toute seule. »

Et elle fit un mouvement pour reprendre sa promenade.


Alors Démétrios pensa qu’il s’était peut-être trompé en la jugeant courtisane. Depuis quelque temps, les femmes des magistrats et des fonctionnaires s’habillaient et se fardaient comme des filles de joie. Celle-ci devait être une personne fort honorablement connue, et ce fut sans ironie qu’il acheva sa question ainsi :

« Chez ton mari ? »