Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/86

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tière, parce que tu me crois belle, et je le suis en effet. Or la lune éclaire moins que mes douze flambeaux de cire. Il fait presque nuit ici. Et puis ce n’est pas l’habitude de se dévêtir sur la jetée. Je ne pourrais plus me rhabiller, vois-tu, si je n’avais pas mon esclave. Laisse-moi me relever, tu me fais mal aux bras. »


Ils se turent quelques instants, puis Démétrios reprit :

« Il faut en finir, Chrysis. Tu le sais bien, je ne te forcerai pas. Mais laisse-moi te suivre. Si orgueilleuse que tu sois, c’est une gloire qui te coûterait cher, que refuser Démétrios. »


Chrysis se taisait toujours.


Il reprit plus doucement :

« Que crains-tu ?

— Tu es habitué à l’amour des autres. Sais-tu ce qu’on doit donner à une courtisane qui n’aime pas ? »

Il s’impatienta.

« Je ne demande pas que tu m’aimes. Je suis las d’être aimé. Je ne veux pas être aimé. Je demande que tu t’abandonnes. Pour cela