Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/97

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gues nefs rangées près des quais laissaient pendre leurs rames parallèles dans l’eau. La perspective des rues se dessinait par des lignes architecturales que pas un char, pas un cheval, pas un esclave ne troublait. Alexandrie n’était qu’une vaste solitude, une apparence d’antique cité, abandonnée depuis des siècles.

Or, un léger bruit de pas frémit sur le sol, et deux jeunes filles parurent, l’une vêtue de jaune, l’autre de bleu.

Elles portaient toutes deux la ceinture des vierges, qui tournait autour des hanches et s’attachait très bas, sous leurs jeunes ventres. C’étaient la chanteuse de la nuit et l’une des joueuses de flûtes.

La musicienne était plus jeune et plus jolie que son amie. Aussi pâles que le bleu de sa robe, à demi noyés sous les paupières, ses yeux souriaient faiblement. Les deux flûtes grêles pendaient en arrière au nœud fleuri de son épaule. Une double guirlande d’iris autour de ses jambes arrondies ondulait sous l’étoffe légère et s’attachait sur les chevilles à deux periscelis d’argent.

Elle dit :

« Myrtocleia, ne sois pas attristée parce que