Page:Louÿs - Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, 1927.djvu/37

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— Que te propose-t-elle ?

— Ce que nos autres sœurs ne font pas, si hardies ou aimantes qu’elles soient. Puella est un singulier petit être. Elle a tous les vices, même ceux que je n’ai pas, et elle est si gentille qu’on les lui pardonne.

— Enfin pour quelles raisons lui donneriez-vous toutes le premier prix ?

— Pour ce que l’on ne peut pas dire.

— Me voilà bien renseigné.

— Tu veux tout savoir ?

— Et voir. Puisqu’elle a tant d’affection pour toi, veux-tu la chercher ?

— Tu le désires ? J’y vais.

— Ainsi je comprendrai peut-être ce que tu ne peux dire.

— Ainsi comprendras-tu surtout que, ni de moi ni d’elles, je ne te refuse rien. »



Après quelque temps, Prima reparut, tenant d’une main sa petite sœur en chemise de nuit, et de l’autre une boîte qu’elle posa sur un meuble.

« Puella, dit-elle, je t’ai promis qu’on te pardonnerait tout, sauf de mentir. Réponds : qu’est-ce qu’une petite fille ?

— Une pauvre petite saloperie, qui fait tout, et qui ne jouit pas.

— Qu’est-ce qu’une jeune fille ?

— Une ancienne petite saloperie, qui ne fait rien et qui jouit partout.